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Président Biden : un possible remède ?



Succéder à une figure comme Donald Trump est une tâche ardue.



Son mode de gouvernance est personnel et personnalisant. Tout devient matière à être politisé et instrumentalisé dans une logique de polarité constante. Un masque autrefois médical est désormais un symbole d’appartenance libérale. Une pandémie est une conspiration puis un outil de réélection. Un virus est une nationalité, voire une race toute entière. L’une des missions de Joe Biden sera donc de dépolitiser petit à petit l’environnement américain tel que l’a réorganisé Donald Trump depuis son arrivée.



(Crédit : Jim Watson/AFP)


Mais à la question : est-ce que les choses s’amélioreront pour la communauté asiatique américaine avec l'arrivée de Biden à la présidence ? Kate Yin préfère rester tempérée et lucide. Même si, contrairement à son adversaire à la course présidentielle, le candidat démocrate a toujours tenu un discours tendant à intégrer ce groupe minoritaire, cela pourrait ne pas suffire.



“Malheureusement, la base a déjà été établie. Lorsqu’on a une haine contre une race en particulier, cela n’est pas entièrement lié à la politique. Ces gens-là ont toujours été racistes. Si un leader politique n’autorise pas ce genre de comportements, et c’était le cas du président Obama, ces gens resteront juste muets. Mais à l’heure actuelle, ils ont été encouragés et blanchis de tous ces crimes. Ils s’en sortent et ils n’auront donc aucune raison d’arrêter.” - Kate Yin.


En effet, les présidents peuvent passer mais le poison de la xénophobie décomplexée dont a été nourri le peuple américain, lui, reste et prend racine. Il se manifeste ensuite dans les harcèlements, discriminations et crimes dont sont aléatoirement victimes les membres de la communauté asiatique américaine depuis le début de la pandémie.



Les possibles émeutes qui pourront avoir lieu après l’annonce des résultats finaux ne rassurent pas non plus Kate Yin. La mère de famille affirme en effet qu’elle ne pourra pas sortir dehors pendant un long moment, et cela peu importe le vainqueur. Sa crainte réside dans l'éventualité de tomber sur un supporter de Trump en colère (ou exalté) qui s’en prendrait une fois de plus à sa fille.



“Je connais une maman qui disait en être arrivée au point de s’enfermer dans la salle de bain avec ses enfants à chaque fois qu’elle croisait quelqu’un avec le logo Trump. Elle est vraiment inquiète par rapport à ce qui pouvait arriver. En réalité, beaucoup de mères sont allées en thérapie pour cette raison.” - Kate Yin.


Elle-même a mis du temps à se remettre de l'agression dont sa famille a été victime des rues de New-York par cette fameuse passante. “Rentrez chez vous”, leur a-t-elle crié à plusieurs reprises.



Et pourtant, Kate est bel et bien chez elle. Elle a fait ses études, rencontré son mari, donné naissance et établi sa carrière sur le sol américain. Mais malgré cela, l'avocate a bien conscience qu'elle sera toujours considérée aux yeux des gens comme “l'autre”, une pièce détachée n'ayant jamais vraiment appartenu au puzzle.



Les premières réflexions à propos de ce phénomène ont été posées par Edward Saïd dans son livre L'Orientalisme (1978) avant d'être plus tard théorisées sous le concept de “stéréotype de l’étranger perpétuel”.





On entend par cela le fait qu’une personne issue d’un groupe de minorité soit perpétuellement vue comme une étrangère au sein d’une société blanche, quand bien même serait-elle née sur cette terre. Quand bien même sa famille y serait installée depuis plusieurs générations.



Lorsqu’il se manifeste, ce stéréotype peut prendre plusieurs formes, allant des remarques micro-agressives anodines (“D’où est-ce que tu viens vraiment ? Est-ce que tu es né.e ici ? Et tes parents, d’où est-ce qu’ils viennent ? Tu as un bon accent quand même !”) à l’insulte raciale invitant généralement la personne à retourner dans son pays. Aux États-Unis, ce stéréotype touche en grande majorité les communautés asiatiques américaines et noires.



Pour Kate, ce n’est donc pas tant le dirigeant qui est à blâmer pour le ciblage dont sa communauté fait l’objet depuis le début de la pandémie mais bel et bien les biais raciaux xénophobes pré-existants qui constamment les ostracisent.



“Le vrai problème est qu’on n’a jamais véritablement pris la peine d’intégrer la communauté asiatique au reste de l'Amérique. C’est pour cela que lorsque la crise de la COVID a éclaté, il a été facile pour tout le monde de se retourner contre nous. Ils ne nous ont jamais accepté pour commencer. Nous sommes des étrangers. Ils ne s’intéressent pas à nos différences. C’est pour cela que tout le monde, et Donald Trump y compris, peut appeler ce virus le ‘virus chinois’ sans y voir de problème. Et c'est à nous de souffrir ensuite des conséquences.” - Kate Yin.


Au moment de l'entrevue, nous en étions au second jour du dépouillement des votes et Joe Biden commençait tout doucement à prendre de l'avance sur son adversaire. Une avancée progressive qui soulage l'avocate malgré tout.



Scores finaux confirmés par l'agence AP déclarant Joe Biden comme vainqueur des élections présidentielles américaines de 2020. (Source : Google) 


“Je ne pense pas que la situation s’arrangera rapidement mais je suis heureuse du fait que, si Biden gagne, elle ne s’empirera pas.” - Kate Yin.



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