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Une mobilisation intérieure fragile


La mobilisation est discrète et prudente.



Il y a une volonté de témoigner d'un quotidien de plus en plus anxiogène mais en dépit de la gravité de la situation, la prudence reste règle d’or. Depuis le début de cette crise sanitaire teintée d’actes xénophobes, des groupes issus de la communauté asiatique américaine se sont organisés sur différentes plateformes virtuelles pour échanger informations, conseils et avertissements quant à de potentiels risques d'attaques.



“Tout le monde parle tout en essayant également d’être un peu silencieux. Donc beaucoup le font peut-être sur Zoom, via texto mais ils ne veulent pas être remarqués et apparaître comme un groupe de rassemblement pour éviter d’être ensuite attaqués.” - Kate Yin.


La Commission asiatique américaine du Massachusetts protestant contre la vague d'attaques xénophobes à Boston, le 12 mars 2020. (Crédit : AP)


Il y a tout de même un réveil progressif qui se manifeste sur les médias sociaux. Partages de crimes haineux relayés par la presse, posts de sensibilisation et appels à la mobilisation se font de plus en plus souvent, ces derniers temps.


“Les réseaux sociaux sont notre seul et unique moyen de sensibilisation. Nous n’avons aucun soutien de la part de la police et les organisations asiatiques sont assez divisées. Les réseaux sociaux et Internet sont les seuls moyens de collecter les statistiques de discriminations et crimes raciaux pour gérer ce problème.” - Kate Yin.


Dans un post en date du 1er novembre 2020, une mère de famille asiatique américaine partage l'article d'un jeune homme et sa grand-mère poussés dans les rails du métro à Brooklyn et se désole de la recrudescence des actes haineux anti-asiatiques. (Crédit : Facebook)


Mais la voie de l'activisme est très souvent pavée d'obstacles. L'un des plus grands, pour la communauté asiatique américaine, est de ne pas être pris au sérieux dans leurs démarches de mobilisation et sensibilisation.



“Quand au départ je relayais les crimes commis contre la communauté asiatique sur mes réseaux personnels, on me disait : ‘on en a marre de voir ça ! Avant tu partageais du contenu personnel mais maintenant, tu ne parles que de crimes haineux !’ Il y a une vraie résistance face à ce problème. Personne ne veut en entendre parler.” - Kate Yin.



Les gens ne sont pas habitués à voir les membres de cette communauté militer, les pratiques de protestations publiques ne s’inscrivant pas dans la culture asiatique. Ils rejettent donc automatiquement ce changement d'attitude en le décrédibilisant.



Les commerçants du quartier de Chinatown de San Francisco se réunissant pour lutter contre la baisse de fréquentation des commerces et la hausse des micro-agressions envers la communauté sino-américaine, le 29 février 2020. (Crédit : Getty Image)


“Il y a des initiatives noires, il y a des initiatives juives mais personne n’est pas habitué à voir des initiatives asiatiques. Ça met les gens inconfortables et ils s’y opposent, donc c’est dur car nous ne sommes pas dans un système où ils t’encouragent ou te prennent au sérieux.” - Kate Yin.



Pour Kate, un nouvel obstacle à la pratique activiste serait le manque d’expérience des Asiatiques Américains dans la lutte des droits civiques, tel que cela a pu être le cas pour la communauté afro-américaine, par exemple. Ils n'ont pas une organisation, des structures ou des figures emblématiques comme Martin Luther King dans les années 1960 sous lesquelles se fédérer. C'est donc un combat naissant qui s'effectue encore à tâtons.



La suprématie blanche est ce qu'elle nommerait comme troisième obstacle. Cette idéologie est selon elle à l'origine de nombreuses scissions au sein de la communauté asiatique, les empêchant de se réunir pour mutualiser leurs forces contre une seule et même menace commune.



Ces mécanismes de division sont d'autant plus flagrants dans l'univers professionnel. Pour l'avoir vu et expérimenté, Kate en témoigne : si plusieurs personnes asiatiques travaillent dans un même bureau, elles seront montées les unes contre les autres à l'aide de nombreux stratagèmes basés sur des stéréotypes dont la communauté entière peine encore à s’émanciper.



“Ça passe par des compliments qui encouragent la compétitivité, par le cumul des heures supplémentaires, par la comparaison avec d'autres collègues asiatiques... quelques fois, on peut venir te voir en te disant du mal d'une autre personne asiatique puis aller voir cette même personne et lui dire du mal de nous.” - Kate Yin.





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