top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurtwentytwentyusa

Un soutien extérieur presque inexistant


(Crédit : Emily Elconin/Bloomberg)


De la part du gouvernement


La pandémie du coronavirus a entraîné une hausse importante de chômage au sein de la communauté asiatique de New-York. La Fédération Asiatique-Américaine a publié un rapport à ce sujet.



En février, ce taux atteignait 3.4% et en mai, 25.6%, ce qui représente l’augmentation la plus importante parmi les groupes minoritaires américains. Le rapport révèle également que les Asiatiques Américains ont appliqué pour des demandes d'aides au chômage deux à cinq fois plus rapidement, du début du mois d’avril jusqu’à la fin du mois de mai, en comparaison au reste de la population.


En parallèle, Kate Yin soutient que le gouvernement américain n’a pas fait de réels efforts pour aider les commerçants asiatiques américains dont les petits commerces se sont trouvés menacés par la pandémie. Il ne leur a pas accordé de suivi pour faciliter l'accès à de possibles crédits. Il ne leur a pas fourni de traducteurs pour remplir les procédures et documents nécessaires au maintien de leurs entreprises. Les seules organisations asiatiques américaines étant en mesure de les aider en parlant leurs langues maternelles ont été décimées par le coronavirus.



“Je trouve même ça ironique que les Mormons suivent des cours de mandarin pendant deux-trois années pour parler de Jésus directement à la communauté chinoise mais que le gouvernement américain ne fasse même pas cet effort linguistique pour aider ses commerces asiatiques en difficulté.” - Kate Yin.



 


De la part de la police



Là non plus, rien n'est fait pour protéger la communauté asiatique américaine. Les plaintes pour incidents xénophobes qui remontent sont souvent prises à la légère ou classées sans suite.


Cela a été le cas de notre intervenante. Alors qu’elle rejoignait son mari et sa fille de deux ans à Manhattan, entre la 47ème rue et la 1ère Avenue, une femme s'est attaquée à eux en émettant d'abord des propos racistes puis en tentant de les agresser physiquement.


“L’excuse qui revient souvent de la part de la police lorsqu'on veut porter plainte c'est qu’il n’y a pas eu de contact physique direct et que ça ne peut donc pas être considéré comme un "assaut".” - Kate Yin.

Le site CBS News rapporte que plus de 2,000 incidents anti-asiatiques en lien avec la COVID-19 ont été reportés à travers le pays entre les mois de mars et juin. Ces incidents sont de toutes sortes : agressions physiques, agressions verbales, discriminations au travail ou encore harcèlements en ligne.

“Les chiffres que nous avons reçu de la communauté comprenant ce genre d’incidents se comptent par milliers mais la police n’en reconnaîtra que sept d’entre eux.” - Kate Yin.


Lorsque la police a refusé de reconnaître l'attaque à l'encontre de Tadataka Unno comme un crime racial haineux, les médias sociaux se sont emparés de l'affaire. (Crédit article : New-York Times)



Le cas de Tadataka Unno, un pianiste japonais de renom dans le milieu du jazz, en est un flagrant exemple. Alors qu'il rentrait chez lui dans la nuit du 27 septembre 2020, l'artiste a été attaqué par un groupe de huit personnes et en est ressorti avec de multiples fractures à la clavicule, au bras ainsi qu'à l'épaule. En dépit d'avoir clairement entendu ses agresseurs prononcer le mot "chinois" parmi les insultes lancées, l'argument du crime racial haineux n'a pas été retenu par la police.



Tadataka Unno a été attaqué par un groupe de huit personnes après avoir supposément effleuré l'un d'entre eux. (Crédit article : Nippon)


Cet exemple démontre également du contre-pouvoir que représentent le plus souvent les réseaux sociaux face aux verdicts des institutions policières lorsqu'il est question de crimes haineux. Quand l'affaire y a été ébruitée, elle a provoqué l'indignation générale. Au vu des faits, tout le monde était absolument unanime : l'attaque avait un motif racial.



Tadataka ne peut à présent plus jouer de piano malgré le fait que la musique soit la seule source de revenu de son foyer. Sa cause a beaucoup touché et mobilisé les réseaux sociaux. (Crédit article : CBS New-York)


De là s'est organisée une campagne de levée de fonds pour l'aider à subvenir à ses frais médicaux ainsi qu'aux besoins de sa famille qu'il était jusqu'ici seul à soutenir. D'autant plus que sa femme et lui venaient d'accueillir un petit garçon en juin.


En moins d'une semaine, près de 100,000 dollars seront récoltés sur GoFundMe.



 


De la part du corps médical



Un rapport du journal des étudiants en médecine de Harvard relève que depuis le début de la pandémie du coronavirus, une augmentation alarmante d’incidents racistes envers le corps médical et les patients d’origine asiatique a pu être observée. Ces incidents racistes contribuent à l’épuisement professionnel, au stress et à l'épuisement mental chez les soignants en premières lignes.



Kate Yin affirme que ces attaques peuvent mener à une déstabilisation psychologique et que cela n’est pas forcément pris au sérieux, surtout lorsqu'une femme asiatique en est victime. Les stéréotypes de genre et de race jouent le plus souvent en sa défaveur.


“Personne ne veut reconnaître que la situation actuelle peut mener à une augmentation du stress. Il y a beaucoup de préjugés raciaux qui viennent avec les minorités mais celui qui colle à la peau des femmes asiatiques est qu'elles sont “folles”. Cela contribue à trivialiser et prendre à la légère leurs appels à l’aide. La communauté médicale ne prend donc pas leur mal-être au sérieux.” - Kate Yin.


Ce climat installe également la peur chez les patients de la communauté asiatique américaine qui nécessitent d'être pris en charge médicalement. Beaucoup préfèrent ne pas se rendre à l'hôpital et tentent de se soigner par eux-même de peur d'être mal diagnostiqué et traité en raison de biais raciaux.



La communauté asiatique américaine est partagée entre la nécessité d'être prise en charge médicalement durant cette période physiquement et mentalement éprouvante, et la peur de tomber sur un professionnel de santé xénophobe qui leur causerait du tort. (Crédit photo : Facebook) 


 

De la part des autres minorités



Deux grands fléaux ont touché de plein fouet deux communautés ethniques différentes aux États-Unis, courant 2020 : l'instrumentalisation du coronavirus chez les asiatiques américains et le pic de violences policières chez les afro-américains. Des cultures différentes pour un combat similaire ; celui de la discrimination au faciès.


Les manifestations pour dénoncer le racisme systémique se sont multipliées ces derniers mois. À New-York, comme dans bon nombres de grandes villes américaines, les pancartes "Black Lives Matter" ont défilé (et défilent toujours) par millions dans les rues.



Beaucoup ont pointé du doigt le pourcentage faible d'alliés de la communauté asiatique dans les rassemblements. Cependant, lorsqu'au cours de ces marches les tensions montent et que des rixes éclatent entre policiers et manifestants, les commerces environnants en pâtissent. Et parmi eux, ceux asiatiques américains. Cela a créé donc une vague de ressentiment des deux côtés.


“Nous travaillons sur ces alliances. La suprématie blanche a beaucoup à voir avec les compétitions et colères qui divisent ces deux groupes, surtout sous la présidence de Donald Trump. Que ce soit pour la xénophobie venue avec la COVID-19 ou le racisme systémique à l'origine des violences policières ; l'ennemi est toujours le même. Et je pense que beaucoup de personnes ont commencé à se rendre compte de cela. Nous gagnerions à marcher ensemble. - Kate Yin.


Viet Hoan Tran, jeune américain de 27 ans d'origine vietnamienne, lors d’une manifestation Black Lives Matter en juin 2020.  Sur sa pancarte est inscrit : "Le péril jaune soutient le Black Power". Le concept du "péril jaune" a été utilisé à la fin du XIX siècle pour stigmatiser les peuples d’Asie, notamment les premiers immigrants chinois aux États-Unis.  (Crédit photo : Torrence Hotten, AFP)


 


De la part des sphères médiatiques et politiques



Peu représentés dans les chaînes d’informations nationales, mis sous silence dans les journaux, les faits divers comportant des crimes haineux anti-asiatiques ne sont que rarement relayés dans les grands médias américains. Et sur le plan politique, leur sort est complètement ignoré.

“Vous remarquerez que même si Biden est beaucoup plus en faveur de notre communauté, il n’a pas parlé des problèmes qui l'assaillent pendant les débats nationaux. Les politiciens voient que la population asiatique américaine est de moins de 5%. Ils n’ont donc pas l’impression que c’est une population à laquelle ils ont besoin de véritablement faire attention. Mais si l’on regarde les autres groupes qui sont aussi petits en nombre, comme par exemple la communauté judéo-américaine, leurs problèmes seront toujours abordés de front.” - Kate Yin.

Selon Kate Yin, ce n’est que la hausse drastique des actes violents envers la communauté asiatique (attaques au couteau, immolations, assassinats) qui a suscité l’attention temporaire des médias sur leur situation. Mais aussi rapidement qu'il a été levé, elle sait que ce voile sera voué à retomber tôt ou tard, réduisant à nouveau leur cause au silence.




23 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page